La motivation est un élément indispensable à la réussite d’un projet en auto-construction. Pourtant, vous allez voir, à travers notre expérience de construction pour notre maison, que la motivation n’est pas toujours présente.

Cela fait 8 mois que nous nous sommes lancés dans l’auto-construction de notre MOB, et on s’est rendu compte que la fougue des premiers jours s’était dissipée ^^ (mais pas complètement disparue, elle refait surface de temps en temps et vous allez voir pourquoi ).

Ici nous allons parler de notre expérience personnelle de l’auto-construction, en tant que personne mais aussi en tant que couple. D’autres auto-constructeurs n’auront peut-être pas le même vécu ni le même ressenti sur l’évolution de leur motivation pendant leur chantier 😉

Début du chantier d’auto-construction : au top de la motivation

Le premier coup de pelle marque le début concret du projet et la fin d’une attente administrative lente et parfois pleine de déception. Alors forcément à ce moment-là on est blindé de motivation, on a de l’énergie à revendre : le rêve devient réalité !

Pour nous ça commence en Juin avec les premiers coups de bêche et de perfo pour creuser nos fondations à la main et à la sueur de notre front ^^

À ce moment-là, rien ne peut nous arrêter ! Il fait méga chaud, c’est difficile de creuser 9 trous à « la main », mais pourtant on saute du lit tous les matins et on file sur le chantier avec une énergie folle et de la motivation à revendre !

Notre duo fonctionne super bien, c’est la concrétisation de presque 2 ans de réflexions et de recherches ensemble pour se construire notre petit nid.

Le projet continue : la motivation et l’énergie sont toujours là

Après l’été et les fondations viennent l’automne, l’ossature bois des murs et la toiture. Notre petite maison commence à prendre forme, on se rend compte des volumes et le projet devient réalité.

L’auto-construction suit son cours avec parfois quelques difficultés à surmonter : des problèmes techniques, des retards de livraison ou des étapes plus longues que prévu. Mais dans l’ensemble tout fonctionne bien et le fait qu’on soit tous les deux investis à fond dans le projet nous permet de surmonter les épreuves ensemble et de réfléchir aux solutions techniques à mettre en place.

Certaines étapes nous font plus rechigner que d’autre, la toiture à été une étape difficile pour nous puisque Kevin à le vertige et qu’après ma chute du toit (heureusement plus de peur que de mal, plus d’infos dans cette vidéo : Mise en place du pare-pluie sur la toiture), j’avais un peu de mal à retourner là-haut pour continuer le boulot.

Mais l’auto-construction c’est aussi ça : se dépasser pour réussir à faire les choses, même si parfois c’est difficile. On se soutient mutuellement et les difficultés finissent par être surmontées.

L’énergie est toujours là, mais la fatigue, qui s’accumule depuis plusieurs mois, commence à se faire ressentir avec l’arrivée des journées plus courtes et du mauvais temps.

L’hiver arrive et avec lui la motivation disparaît

Après 5 mois de chantier, la fatigue est réellement présente, aussi bien physiquement que psychologiquement !

Physiquement déjà, c’est très dur d’être à fond tout le temps entre le chantier, notre vie professionnelle et les tournages/montages des vidéos pour notre chaîne YouTube. On a une vie à 100 à l’heure et très peu de temps pour nous (même si bien sûr le chantier c’est pour nous puisqu’on construit notre petite maison :)).

La fatigue s’accumule et avec le froid hivernal et les journées très courtes, on craque complètement ! Résultat, au mois de Décembre on est très peu sur le chantier. L’effet pervers de cette situation, c’est qu’en tant qu’auto-constructeur tu sais pertinemment que si tu n’es pas sur le chantier, la maison n’avance pas. Donc c’est très dur psychologiquement, tu te dis que tu n’es pas à la hauteur, que tu devrais y aller, etc. Au final les jours loin du chantier ne sont pas vraiment reposants puisqu’on y pense sans cesse.

À ce moment-là, on entre dans une phase où la perte de motivation n’est pas gérée de la même façon entre Kevin et moi. Lui accepte de prendre une pause et le retard que ça engendre, car il sait que c’est pour se reposer et mieux avancer la MOB après ce repos. Alors que moi, d’un caractère plus impatient, je me tracasse sur le fait que le chantier prend du retard, je suis déçue et je m’en veux de ne pas tout faire pour avancer. Notre couple en prend un coup puisque pour la première fois depuis le début du projet on n’est plus sur la même longueur d’onde.

Pendant toute la durée du chantier, on note ce qu’on fait jour par jour sur un petit agenda pour avoir un souvenir de notre auto-construction. Avec ces données j’ai pu faire un graphique du nombre de jours passés sur le chantier par mois. Sur ce graphique, on voit clairement la baisse de motivation lié à l’arrivée de l’hiver et à l’accumulation de la fatigue.

autoconstruction et motivation courbe dans le temps

On reprend des forces tout doucement

Après la « pause » du mois de Décembre, on se remotive tranquillement à retourner sur le chantier pour finir la mise hors d’air de la maison. On décide d’y aller à un rythme un peu moins soutenu pour ne pas s’épuiser.

L’hiver n’est pas très clément avec nous et ça reste difficile de sortir du van le matin pour aller bosser dans le froid et souvent sous la pluie. Mais ça avance et la maison est ENFIN hors d’eau hors d’air ! C’est un énorme soulagement et  là il se passe comme un « fiou, ça y est ». Une espèce de sérénité s’installe parce que nous avons passé une grosse étape sur le chantier. Du coup, on a mis nos dernières forces pour passer cette étape, et la fatigue reprend le dessus, nous coupe les pattes et la motivation s’émousse à nouveau… (cf le mois de Février sur le graphique ci-dessus).

Retour des beaux jours tant attendu et motivation

En Mars, le temps commence à s’adoucir, on reprend tranquillement du service. La maison avance doucement parce qu’on s’occupe de quelques trucs qui trainaient depuis un moment et qu’on n’avait jamais pris le temps de faire (un abri convenable pour le bois par exemple).

Comme on a besoin de commander quelques matériaux pour continuer, on n’avance pas très vite, mais c’est aussi une excuse pour reprendre doucement sans se brusquer.

Un sentiment de fierté mêlé à de l’impatience commence à s’installer (chez moi en tous cas ^^) : la fierté parce qu’on a réussit à faire le gros œuvre, l’impatience parce qu’il reste tant à faire et j’ai envie d’attaquer une saison plus clémente et agréable, de retirer les bâches pour laisser place au bardage, etc.

Économiser son énergie pendant l’auto-construction

Après ces quelques mois d’expérience en auto-construction, on s’est rendu compte qu’on est parti tellement à fond dans le projet (et c’est normal vu qu’on attendait ça depuis 2 ans). Alors être à fond ça fonctionne pendant un certain temps, mais la fatigue finie toujours par s’accumuler et venir mettre une grande claque à votre motivation pourtant si inébranlable au début !

Il faut s’économiser, accepter de faire des pauses et de prendre parfois du temps pour soit et pas pour le projet. Autoconstruire une maison ce n’est pas un sprint, c’est plutôt un long trek avec pas mal d’embûches.

Le temps libre se transforme souvent en temps de recherches dans les bouquins ou sur Internet pour trouver des réponses aux problématiques techniques qu’on rencontre sur le chantier. On pense sans cesse au chantier et les vrais moments de pause ne sont, au final, pas si nombreux que ça…

Être auto-constructeur, c’est une source de stress intense, tout repose sur les choix qu’on fait et être épaulé c’est un véritable atout ! C’est un soutien incroyable d’être deux à gérer ce stress de l’auto-constructeur et d’être deux cerveaux à chercher des solutions aux problématiques. On est heureux de notre duo dans ce projet mais il faut savoir parfois se serrer les coudes, ralentir et écouter l’autre pour pouvoir mieux avancer ensemble.

Un autre aspect propre à notre choix de documenter activement notre auto-construction vient s’ajouter à la fatigue « normale » du chantier. Tourner les vidéos prend un temps fou sur le chantier et ensuite il faut monter et préparer la vidéo pour la rendre regardable pour notre chaîne. C’est un élément supplémentaire à s’occuper et parfois c’est source de fatigue ou d’agacement (quand le vent à décidé de nous embêter pour tourner une séquence et qu’on perd une demi-heure par exemple ^^). Cependant on reste très heureux de s’être lancé dans cette aventure sur YouTube, Facebook et Instagram, car même si c’est une source de travail supplémentaire, c’est une mine d’échanges, de bienveillance, d’encouragements et de conseils que vous nous offrez en commentaires ou par messages privés (Merci à vous tous pour votre soutien !).

Pour conclure : l’auto-construction, c’est génial, épuisant parce qu’on repousse sans cesse nos limites (aussi bien physiques que psychologiques), mais quelle satisfaction de regarder ce que l’on a construit de ses propres mains et de se rendre compte à quel point on est riche de connaissances 😀